L’industrie de l’hydrogène en Europe sort progressivement d’une phase difficile marquée par plusieurs faillites et cessions d’entreprises importantes. La récente annonce de financements majeurs européens signale toutefois une dynamique de consolidation autour de groupes industriels capables d’affronter des conditions économiques et concurrentielles difficiles. Cette relance intervient alors que le secteur continue de relever des défis technologiques majeurs et que les coûts élevés de l’hydrogène décarboné restent un frein significatif à son adoption massive, notamment face aux énergies fossiles plus compétitives. Pourtant, plusieurs initiatives à grande échelle pourraient désormais permettre à la filière de franchir un nouveau palier stratégique.
L’Europe finance la relance
L’Union européenne (UE) a récemment validé une série d’investissements substantiels destinés à stabiliser et renforcer la chaîne industrielle de l’hydrogène. Parmi les principaux bénéficiaires figurent des projets industriels à forte valeur ajoutée comme celui porté conjointement par le français H2V et l’allemand Hy2gen, prévoyant un investissement de 1,5 milliard d’euros à Fos-sur-Mer pour produire du carburant d’aviation durable. Ces initiatives européennes visent à réduire la dépendance énergétique tout en consolidant un marché stratégique.
Par ailleurs, Lhyfe, une société spécialisée dans la production d’hydrogène renouvelable, a également bénéficié récemment d’un financement bancaire de 53 millions d’euros pour construire quatre nouveaux sites d’électrolyse, dont un en Allemagne. Ce financement, impliquant notamment la banque Edmond de Rothschild, illustre l’intérêt croissant des institutions financières pour des projets jugés désormais suffisamment matures et prometteurs pour attirer des capitaux privés.
Projets d’envergure et consolidation stratégique
L’Europe assiste actuellement à une montée en puissance des projets visant à répondre aux besoins industriels et de mobilité lourde. À Cologne, en Allemagne, par exemple, une flotte de 160 bus à hydrogène est en cours de déploiement, témoignant du potentiel commercial concret de cette technologie dans les transports urbains. D’autres pays comme les Pays-Bas ou le Danemark déploient des initiatives similaires pour intégrer l’hydrogène à leurs infrastructures de mobilité publique.
La période récente a néanmoins été marquée par d’importantes difficultés pour certains acteurs industriels européens. La liquidation récente du fabricant français d’électrolyseurs McPhy ou encore la reprise du constructeur de bus à hydrogène Safra par un groupe chinois illustrent les fragilités persistantes dans ce secteur émergent. Cette consolidation, souvent brutale, favorise toutefois l’émergence d’acteurs européens mieux capitalisés, capables d’assurer une production industrielle stable et compétitive à moyen terme.
Défis économiques et compétitivité
Malgré les progrès récents, l’industrie européenne de l’hydrogène doit encore relever des défis économiques majeurs, liés notamment au coût élevé de l’électricité en Europe. Ce facteur renchérit fortement les coûts de production par électrolyse, limitant la compétitivité de l’hydrogène face aux combustibles fossiles conventionnels. Pour pallier ce problème structurel, plusieurs pays européens envisagent désormais des modèles économiques innovants impliquant des contrats à long terme sur l’électricité renouvelable pour stabiliser et réduire les coûts énergétiques liés à la production d’hydrogène.
Face à ces enjeux, le secteur européen de l’hydrogène bénéficie désormais d’une attention particulière de la part des autorités européennes qui y voient un levier de croissance industrielle et d’indépendance énergétique. La Commission européenne prévoit ainsi de multiplier les aides financières directes et indirectes afin de permettre aux entreprises du secteur de surmonter durablement les obstacles économiques et technologiques actuels. Cette stratégie pourrait renforcer la compétitivité industrielle européenne à l’échelle mondiale.