Michael Kretschmer, ministre-président de l’État régional de Saxe et figure de l’Union chrétienne-démocrate (CDU), a déclaré qu’il serait opportun de discuter avec la Russie d’une éventuelle remise en service du gazoduc Nord Stream 2. Ce projet, bien qu’achevé en 2021, n’a jamais été mis en exploitation en raison des tensions politiques liées à l’invasion de l’Ukraine. Dans une interview publiée par Die Zeit, il a qualifié le gazoduc d’ »ouverture possible pour un dialogue » avec Moscou.
Un projet technique mais politiquement sensible
Nord Stream 2 (NS2), infrastructure parallèle à Nord Stream 1, relie la Russie à l’Allemagne via la mer Baltique. Si ses deux lignes ont été physiquement construites, seule l’une d’elles semble encore intacte après les explosions inexpliquées survenues en septembre 2022. NS2 n’a jamais obtenu l’autorisation d’exploitation requise par les autorités allemandes. À l’époque, le gouvernement fédéral avait gelé le processus de certification, dénonçant le rôle géopolitique du gaz russe dans le conflit avec l’Ukraine.
En dépit de ce blocage, des rumeurs relayées récemment par plusieurs médias ont évoqué l’hypothèse d’un redémarrage partiel dans le cadre d’un éventuel changement diplomatique si les relations entre Moscou et Washington évoluent sous une nouvelle administration américaine.
Critique de la ligne actuelle du gouvernement
Michael Kretschmer a critiqué la politique actuelle de Berlin, affirmant que « tant que nous continuerons à dire que nous ne voulons rien, que nous ne faisons qu’appliquer des sanctions, il n’y aura aucune raison de parler avec nous ». Il estime qu’une telle posture entrave toute possibilité de dialogue structuré et ferme toute porte à une solution pragmatique dans un contexte économique tendu.
Selon lui, l’activation de NS2 pourrait également permettre de faire baisser les coûts énergétiques qui pèsent sur l’économie allemande. Il a toutefois reconnu que la majorité des décideurs politiques au niveau fédéral ne partageaient pas cette approche.
Divisions internes et position officielle inchangée
Le chancelier Friedrich Merz, également membre de la CDU, a récemment réaffirmé que Nord Stream 2 « n’a actuellement aucune autorisation d’exploitation, et cela ne changera pas ». Cette déclaration met en évidence les dissensions internes au sein du parti conservateur.
La reprise du débat autour de NS2 pourrait susciter des interrogations sur la cohérence de la stratégie énergétique allemande, notamment face à des intérêts divergents entre le gouvernement central et certains Länder fortement industrialisés.